Plein les yeux à Chiraz

Chiraz, la ville des poètes. Dans cette grande cité du Sud-Ouest iranien, deux des monuments les plus visités sont les mausolées d’Hafez et Saadi, des poètes des 14 et 13e siècles ! Pourtant la ville abrite aussi de superbes mosquées, des jardins persans, des bazars… Mais la poésie tient une place à part, centrale dans la culture perse. Chiraz en est le berceau et ses poètes sont toujours lus et vénérés à notre époque.

Lorsque nous nous sommes rendus au mausolée d’Hafez, les visiteurs étaient nombreux, à lire et écouter des poèmes, se recueillir sur le tombeau, se reposer dans le jardin et… faire des selfies (une constante en Iran, y compris dans les lieux de culte).

Chiraz est une ville trépidante, moins traditionaliste qu’Ispahan ‑ on le constate vite au nombre moins important de femmes portant le tchador, grande pièce de tissu le plus souvent noire couvrant la tête et le corps. Les cafés (sans alcool) y sont nombreux, nous y avons même croisé le Che !

La cuisine est délicieuse, comme dans beaucoup d’autres régions iraniennes, mais ce qui retient l’attention ce sont les échoppes qui, à tous les coins de rue, proposent des jus divers : grenade, orange, carotte… Le bazar héberge aussi plusieurs restaurants et prendre son petit-déjeuner dans une cour en observant le ballet des marchands de tapis qui ouvrent leur boutique est plutôt agréable.

Un matin, alors que nous avions pris la direction de la mosquée Nasir-ol-Molk, notre attention a été attirée par une jolie façade, c’était celle de la madrasa Khan. Il aurait été dommage de passer à côté ! Un ébéniste y travaillait de façon traditionnelle, façonnant des fenêtres superbes…

Nous sommes finalement arrivés a la mosquée Nasir-ol-Molk, l’un des joyaux de Chiraz. Au-delà des habituels faïences et muqarnas (les éléments décoratifs en nid d’abeille), ce qui rend si unique ce lieu de culte construit au 19e siecle sont ses vitraux, que le soleil traverse le matin, projetant leurs couleurs dans la salle de prière.

Au musée Pars, Bertrand s’est senti tout petit devant un coran géant enluminé, et nous avons été surpris par des peintures ne semblant pas coller avec la rigueur de la République islamique…

Nous l’avions déjà observé dans d’autres villes, les jardins sont très fréquentés en fin d’après-midi : les Iraniens de tout âge s’y donnent rendez-vous pour papoter, boire un thé, se promener… Nous avons visité le jardin d’Eram qui, comme Fin à Kashan, est un jardin persan. L’objectif de ces jardins, dont l’origine remonterait à 4000 ans avant J.-C., a toujours été d’apporter la quiétude, aussi bien spirituelle que récréative. Ils étaient conçus pour symboliser le paradis sur terre.

L’une des bonnes raisons de se rendre à Chiraz est sa proximité avec Persépolis. Malgré la foule de touristes, nous avons été saisis par la splendeur de ces palais édifiés entre les 6e et 5e siècles av. J.-C. par trois rois achéménides (Darius Ier, son fils Xerxès Ier et son petit-fils Artaxerxès Ier). Probablement moins émerveillé que nous, l’empereur Alexandre, quand il a vaincu les armées perses, a ordonné la destruction de Persépolis. Incendie, saccage des bas-reliefs… le site est bien amoché, mais ce qui a échappé à la destruction suffit à impressionner le visiteur. Sur les bas-reliefs, figurent les soldats du roi, mais aussi les nobles de tous les pays de l’immense empire perse (Asie Mineure, Thrace, Afghanistan, Irak, Syrie, Égypte, Jordanie, Israël, Liban…). On aperçoit aussi le Farvahar, symbole ailé du zoroastrisme.

 

La visite s’achève à quelques kilomètres de Persépolis, où se situent les magnifiques tombeaux des rois achéménides.